Son enfance
Oswaldo Guayasamin est né en 1919, à Quito, ville dont il est amoureux et à laquelle il tient particulièrement. Guayasamin se revendique fièrement comme métis, son père étant indigène d’origine Kichwa, et sa mère d’origine Espagnole. Oswaldo est le plus jeune d’une fratrie de 10 enfants, vivant tous très humblement. Leur mère restant à la maison afin de s’occuper de ses enfants, et leur père, seule source de revenu du foyer avec son humble salaire de chauffeur de taxi.
C’est depuis ses 7 ans, sur les places de Quito, qu’Oswaldo Guayasamin commence à vendre ses peintures afin de subvenir un petit peu aux besoins de sa grande famille et malgré sa volonté d’apprentissage, Guayasamin fut expulsé de 6 collèges pour mauvais résultats. En cours, il s’amusait à faire les portraits, ou plutôt les caricatures des professeurs qu’il n’aimait pas. L’un d’eux, voyant sa non-discipline en cours, lui a dit “Devient bottier (défini comme sous métier ici) … parce que tu ne sers à rien”. L’avenir lui donnera tort, puisque quelques années plus tard, toujours passionné par l’art, Oswaldo Guayasamin entre, en 1932, à l’école des beaux-arts de Quito contre l’avis de son père qui rêvait d’avoir un fils faisant un vrai métier, tout comme ses 9 frères et soeurs.
Tout comme son parcours scolaire agité, Oswaldo Guayasamin eut des premières années difficiles à l’école des beaux-arts. En effet, Oswaldo avait déjà son propre style. Il n’avait aucun intérêt pour les codes traditionnels de l’art pictural. Oswaldo ne rentrait, et ne voulait pas rentrer, dans le moule classique des autres étudiants. Cependant, ce prodige de la peinture se distingue rapidement comme l’élève le plus talentueux avec la reconnaissance de ses professeurs. Son parcours et son évolution furent très rapides au sein de cette école puisque le futur maître devient rapidement professeur à l’école des beaux-arts de Quito. Déjà à cette époque, ses toiles ont un impact fort sur tous ceux qui ont la chance d’admirer ses oeuvres; son style torturé et dénonciateur fait beaucoup parler.
Ses premières rencontres avec les fléaux de la vie, comme la violence ou les assassinats au sein des rues de Quito, le bouleversent énormément et le mettent dans un esprit de colère et de révolte. De tout cela est née sa toile “Los Niños Muertos” (les enfants morts) représentant plusieurs enfants entassés dans les rues de Quito, dont son meilleur ami, Manjarrés, mort d’une balle perdue.
Depuis cette toile, Oswaldo Guayasamin s’est clairement positionné comme militant anti-violences, contre les cruautés et les injustices d’une société qui discrimine les pauvres, les indigènes, les noirs et les handicapés. Avec son nom d’origine indigène, la pauvreté durant son enfance, les assassinats successifs de ses meilleurs amis ainsi que les crises successives (crise des années 30 et la guerre civile espagnole), Oswaldo Guayasamin fut marqué au fer rouge. Cela se voit à travers ses peintures, dont il se sert afin de dénoncer et de montrer au monde sa réalité de la vie.
C’est en 1940 qu’il devînt diplômé de l’école des beaux-arts de Quito. Puis, en 1942, il organise sa première exposition au salon Mariano Aguilera. C’est lors de cette exposition que Nelson Rockefeller, ancien vice-président des États-Unis, lui achète 5 toiles. Par la suite, cet homme deviendra un des mécènes d’Oswaldo Guayasamin.
En 1956, il effectue sa seconde exposition où il remporte le premier prix de la troisième biennale d’art Hispano-Américain à Barcelone avec son oeuvre “El ataúd blanco” (le cercueil blanc).
Son Oeuvre
Au cours de sa vie, Oswaldo Guayasamin voyagea beaucoup à travers le monde et visita de nombreux pays comme en Europe, mais aussi, par exemple, la Chine, l’URSS et l’Égypte. C’est lors de son premier voyage à Cuba qu’il fit la rencontre de celui qui deviendra son ami, Fidel Castro. Guayasamin a réalisé plusieurs portraits du chef d’État Cubain.
PORTRAITS DE FIDEL CASTRO
En 1945, Oswaldo Guayasamin débuta sa première série de 103 peintures, “Huacayñan” (route gémissante en Kichwa), série qu’il effectue lors d’un voyage commençant au Mexique et se terminant en Patagonie. Cette série relate la pauvreté et de la souffrance qu’Oswaldo a croisées au sein des peuples aborigènes durant ce périple.
HUACAYÑAN
En 1961, Oswaldo Guayasamin a commencé sa seconde série s’intitulant “La Edad de la Ira” (l’âge de la colère), avec laquelle il souhaite montrer les lieux et faits de tuerie du XXème siècle comme les camps de concentration nazis, la guerre civile espagnole, les dictatures d’Amérique Latine et les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki.
“Esta serie quedará inevitablemente inconclusa, puesto que es parte de un proceso histórico todavía en marcha.” OSWALDO GUAYASAMIN
(Cette série restera inévitablement incomplète, car elle fait partie d’un processus historique en cours)
LA EDAD DE LA IRA
En 1976, avec ses enfants, il créa la fondation Guayasamin. C’est grâce à cette fondation qu’Oswaldo donna tout son patrimoine artistique à l’Équateur. Le pays en a profité pour ouvrir trois musées: Art précolombien (2000 pièces), Art colonial (500 pièces) et un musée d’Art contemporain (200 pièces). Ses deux séries de tableaux (Huacayñan et La Edad de la Ira), les plus emblématiques pour Oswaldo Guayasamin, seront léguées en intégralité au pays afin que cela reste comme patrimoine culturel et pour éviter leurs dispersions.
En 1988, il a commencé son ultime série de toiles, “La Ternura”, en hommage à sa maman qui est décédée à 46 ans et qui joua un rôle très important dans son orientation et son inspiration artistique. Cette collection correspond à plus de 100 oeuvres dédiées à toutes les mères du monde.
“Homenaje a las mujeres de la Tierra, una defensa de la vida, la defensa de los Derechos Humanos” OSWALDO GUAYASAMIN
(Hommage aux femmes de la Terre, une défense de la vie, la défense des droits de l’Homme)
LA TERNURA
Guayasamin a voulu trancher avec ses deux précédentes séries, en proposant ici des peintures beaucoup moins torturées, plus reposantes.
On ne peut pas considérer cela comme une série, mais Oswaldo Guayasamin était également un grand portraitiste. En effet, les plus grands de ce monde, comme Castro, ont eu le droit d’avoir leur portrait par le maître Guayasamin. Sa technique particulière lui permettait de réaliser ses portraits en très peu de temps ( 3 heures environ pour une toile). Son analyse parfaite des expressions du visage et des détails symboliques de chaque personne ressortent d’une manière impressionnante.
PORTRAITS
À partir de 1996, il entame sa plus grande oeuvre. Ainsi, il décida de construire la merveille architecturale “La Capilla del Hombre” juste à côté de sa maison. Cet édifice est un hommage à l’être humain, et plus particulièrement aux peuples latino-américains, à ses souffrances, ses luttes et surtout ses réussites, de l’ère pré-colombienne à l’indépendance, en passant par la colonisation et le métissage. Il est décédé en 1999 sans avoir pu contempler sa dernière oeuvre magistrale, “La Capilla del Hombre”.
Où voir son Oeuvre ?
Aujourd’hui, vous pourrez admirer l’oeuvre de ce qui est sûrement l’un des plus grands artistes plasticiens de l’Histoire équatorienne et mondiale au musée “La Capilla del Hombre” et dans sa maison où il regroupe une collection impressionnante d’oeuvres d’autres artistes tel que Picasso. Le palais présidentiel de Quito a en son sein une fresque représentant la découverte de l’Amérique réalisée par Guayasamin. Une autre fresque est visible, en Europe, à l’aéroport de Barajas à Madrid.